Certaines cicatrices ne se referment jamais
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Certaines cicatrices ne se referment jamais
Quand on vivait chez Caïn Clifford certaines règles étaient de rigueur. Il était par exemple impensable de faire venir n'importe qui à la maison sans son autorisation. Impensable également de sortir sans sa bénédiction une fois la nuit tombée, après que tout danger eut été exclu.
Caïn n'était pas un homme très chaleureux. De nature plutôt discrète, il était peu connu de ses voisins. Plus qu'un homme de secrets, Mr Clifford était même devenu une ombre aux yeux des gens du quartier. La seule chose qu'on pouvait affirmer à son sujet, c'était qu'il était l'oncle du petit Spicy, qu'il l'avait reccueilli chez lui voilà maintenant quelques années. Rien de plus rien de moins. Spicy détestait les règles que son mentor lui imposait, mais il savait aussi que transgresser des règles pouvait parfois avoir des conséquences... funestes et irréversibles.
Spicy lui-même n'avait pas beaucoup d'occasions de croiser Caïn. Sans être répugné par sa compagnie, le jeune homme se contentait aisément de ne voir que très rarement, pour la simple et bonne raison qu'il n'avait, la plupart du temps, pas grand chose à lui raconter.
Ce soir, après avoir passé le perron, il fut particulièrement soulagé de constater, que son soit-disant oncle n'avait pas élu domicile au foyer pour la soirée. Probablement était-il allé chasser dans les bois. Comme à son habitude, son escapade le mènerait au-delà des limites de la ville et il se perdrait dans l'immensité de la forêt... Il mettrait plusieurs heures à revenir au bercaille une fois le jour levé. La maison était donc à lui.
Julia avait apparemment décidé de ne plus protester, grand bien en fasse à Spicy, car ne pouvait plus supporter ses supplications sans qu'elles ne viennent à chaque fois lui entailler le coeur. Inerte, probablement choquée par les évènements, la jeune femme restait immobile dans les solides bras de Spicy qui évoluait d'un pas franc en serrant les dents, titillé par l'odeur lancinante du sang dans ses narines.
La demeure plongée dans l'obscurité ne fut pas inondée de lumière une fois qu'ils furent rentrés. En plus d'avoir les mains occupées à porter Julia, Spicy préféra garder cette pénombre rassurante dans l'habitat. Comme si éclairer les lieux le mettrait davantage face à l'état déplorable de sa meilleure amie et donc face à ses fautes, à sa culpabilité, à l'horreur de la situation... La nuit calmait au moins en partie ses craintes.
Quand il la déposa sur le sofa, elle poussa un grogrement pitoyable qui lui fit monter le brouillard aux yeux. Précautionneusement, il se débarassa des vêtements en lambeaux qui lui couvraient le corps. La situation actuelle, en plus de le mettre extrêmement mal à l'aise, amplifia derechef sa culpabilité. Trop faible ou trop choquée, Julia ne répliquait même pas, raison supplémentaire pour que le jeune homme soit rongé par ses remords et la tristesse presque haineuse qu'il lui fendait la poitrine. Il alla chercher des compresses et mouilla un gant de toilette. Après s'être assuré que la respiration de Julia était régulière, que sa température n'était pas inquiétante -à savoir chaude et non pas glacée-, il entreprit d'essuyer les effusions de sang qui lui recouvrait son corps et son visage.
En tâchant de ne pas trop respirer les émanations d'émoglobine, il entendit au bout d'un moment la jeune femme sangloter, le visage tourné vers le dossier du canapé, ses cheveux encore couvert de sang collé à ses joues humides.
Il faut que je t'explique Julia...
Il avait cherché le meilleur moment pour le faire. Il y avait même pensé depuis que l'attaque avait pris fin d'ailleurs. Ce moment avait hanté son esprit, et il s'était sombrement demandé durant tout ce temps quand et comment il allait aborder la chose. Mais il s'était rendu à l'évidence : il n'y aurait pas de bons moments pour ce genre de choses et quitte à ce qu'elle souffre autant que cela se fasse une bonne fois pour toute, dans la même foulée. Il était cruel de penser ainsi mais c'était justement parce qu'il éprouvait une forte amitié pour elle qu'il se devait d'être un peu dur. Dans une telle situation, la sensiblerie se devait d'être exclue -pour un moment en tout cas- car sinon jamais il ne saurait trouver la force nécessaire pour la mettre au parfum.
"La mettre au parfum". Oui, c'était exactement cela en fin de compte. La mettre au parfum sur son avenir, sa nouvelle vie déchirée et maudite. Parce qu'elle n'avait pas le choix, pas de possibilité d'avoir un quelconque pouvoir de décision. La seule aide que pourrait lui fournir Spicy désormais c'était son soutien, son enseignement et une épaule sur laquelle pleurer.
Je n'ai jamais voulu qu'un jour une telle chose arrive. Ni même que tu puisses un jour avoir connaissance d'une telle chose. Le simple fait de vivre notre amitié en gardant en moi un si grand secret a été une épreuve de chaque instant, crois-moi. Mais si à un moment ou un autre pour quelque raison que ça soit, j'avais eu à te révéler mon si lourd secret, j'aurais donné tout l'or du monde pour éviter que cela se fasse pour ces raisons. Mais voilà, maintenant je n'ai pas le choix, je suis mis au pied du mur. Je suis tellement désolé, Julia. Je t'ai brisé le coeur, tout bousillé ; si je pouvais changer les choses je le ferais, quel quoi soit le prix à payer...
L'absence de réponses de Julia lui facilita la tâche. Elle ne détourna pas la tête et se borna à la garder dirigée vers le dossier du sofa. Il ne serait pas parvenu à lui dévoiler tout en ayant à affronter son regard de toute façon...
Je suis un loup-garou. Je crois que ta première réaction sera de me croire fou, mais il faut que tu ais connaissance de notre existence. Denhil Town est une ville réputée pour regorger de lycans. Si je ne t'ai jamais parlé d'une telle chose c'est bien entendu parce que je sais que tu ne m'aurais jamais cru. J'ai voulu nous protéger, de toute les manières d'ailleurs. Nous protéger aussi parce que les loups-garous sont des créatures incontrôlables, imprévisibles. Il est très dangeureux de s'approcher d'un lycans lorsque l'on est un humain. Dangeureux car les loups-garous sont des chasseurs, de redoutables chasseurs.
Il dû s'arrêter pour ravaler ses larmes, forcer sa voix à rester ferme et décidée. Il ne pouvait pas se permettre de la laisser succomber, il devait conserver une force que Julia ne serait pas en mesure d'avoir pour accepter la réalité.
C'est un loup-garou qui t'as attaqué ce soir Julia. Et je crois qu'une vie entière ne suffirait pas pour que je puisse me pardonner de t'avoir exposé à un tel danger. J'aurais dû renoncer à te faire aller dans les bois à la tombée de la nuit, j'aurais dû être plus conscient du danger. J'ai été idiot !... Mais il y a eu ce trou, cet imprévu, cette nuit qui tombait si vite, et ce danger qui s'était manifesté à une vitesse insensée lui aussi... On devient loup-garou par hérédité le plus souvent..., mais il arrive que la lycanthropie survienne par morsure aussi. J'ai vraiment tout tenté pour te sauver Julia...
Cette fois la simple force mentale ne suffisait plus et Spicy ne parvint pas à retenir des larmes de couler sur son visage, sa voix se brisa sans même qu'il puisse y faire quoi que ce soit. Machinalement, il enfonça son poing contre son front et mordit sa lèvre inférieure à l'en faire saigner.
Mais ça n'a pas suffit. Je n'ai pas réussi, je n'ai pas réussi à te sauver à temps... Il suffit d'une morsure... Une seule.
Bien évidemment, son explication était assez confuse et fort fut de constater qu'elle demeurait, aux yeux d'une humaine cartisienne, assez implicite. Mais la vérité était beaucoup plus dure à formuler comme cela, de but en blanc.
Julia... Le processus de régénération de tes cellules est éloquent et il m'a permis d'en venir à la conclusion que je craignais... Julia, tu... Tu vas devenir un loup-garou toi aussi...
La suite fut impossible à reconstituer, ni la réaction de son amie d'ailleurs, car les sentiments qui l'envahirent furent trop fort pour qu'il puisse les contôler, son regard sombra en même temps que son coeur explosait dans sa poitrine. Son visage s'inonda de larmes sans qu'il ne parvienne à les stopper.
Elle savait désormais.
Caïn n'était pas un homme très chaleureux. De nature plutôt discrète, il était peu connu de ses voisins. Plus qu'un homme de secrets, Mr Clifford était même devenu une ombre aux yeux des gens du quartier. La seule chose qu'on pouvait affirmer à son sujet, c'était qu'il était l'oncle du petit Spicy, qu'il l'avait reccueilli chez lui voilà maintenant quelques années. Rien de plus rien de moins. Spicy détestait les règles que son mentor lui imposait, mais il savait aussi que transgresser des règles pouvait parfois avoir des conséquences... funestes et irréversibles.
Spicy lui-même n'avait pas beaucoup d'occasions de croiser Caïn. Sans être répugné par sa compagnie, le jeune homme se contentait aisément de ne voir que très rarement, pour la simple et bonne raison qu'il n'avait, la plupart du temps, pas grand chose à lui raconter.
Ce soir, après avoir passé le perron, il fut particulièrement soulagé de constater, que son soit-disant oncle n'avait pas élu domicile au foyer pour la soirée. Probablement était-il allé chasser dans les bois. Comme à son habitude, son escapade le mènerait au-delà des limites de la ville et il se perdrait dans l'immensité de la forêt... Il mettrait plusieurs heures à revenir au bercaille une fois le jour levé. La maison était donc à lui.
Julia avait apparemment décidé de ne plus protester, grand bien en fasse à Spicy, car ne pouvait plus supporter ses supplications sans qu'elles ne viennent à chaque fois lui entailler le coeur. Inerte, probablement choquée par les évènements, la jeune femme restait immobile dans les solides bras de Spicy qui évoluait d'un pas franc en serrant les dents, titillé par l'odeur lancinante du sang dans ses narines.
La demeure plongée dans l'obscurité ne fut pas inondée de lumière une fois qu'ils furent rentrés. En plus d'avoir les mains occupées à porter Julia, Spicy préféra garder cette pénombre rassurante dans l'habitat. Comme si éclairer les lieux le mettrait davantage face à l'état déplorable de sa meilleure amie et donc face à ses fautes, à sa culpabilité, à l'horreur de la situation... La nuit calmait au moins en partie ses craintes.
Quand il la déposa sur le sofa, elle poussa un grogrement pitoyable qui lui fit monter le brouillard aux yeux. Précautionneusement, il se débarassa des vêtements en lambeaux qui lui couvraient le corps. La situation actuelle, en plus de le mettre extrêmement mal à l'aise, amplifia derechef sa culpabilité. Trop faible ou trop choquée, Julia ne répliquait même pas, raison supplémentaire pour que le jeune homme soit rongé par ses remords et la tristesse presque haineuse qu'il lui fendait la poitrine. Il alla chercher des compresses et mouilla un gant de toilette. Après s'être assuré que la respiration de Julia était régulière, que sa température n'était pas inquiétante -à savoir chaude et non pas glacée-, il entreprit d'essuyer les effusions de sang qui lui recouvrait son corps et son visage.
En tâchant de ne pas trop respirer les émanations d'émoglobine, il entendit au bout d'un moment la jeune femme sangloter, le visage tourné vers le dossier du canapé, ses cheveux encore couvert de sang collé à ses joues humides.
Il faut que je t'explique Julia...
Il avait cherché le meilleur moment pour le faire. Il y avait même pensé depuis que l'attaque avait pris fin d'ailleurs. Ce moment avait hanté son esprit, et il s'était sombrement demandé durant tout ce temps quand et comment il allait aborder la chose. Mais il s'était rendu à l'évidence : il n'y aurait pas de bons moments pour ce genre de choses et quitte à ce qu'elle souffre autant que cela se fasse une bonne fois pour toute, dans la même foulée. Il était cruel de penser ainsi mais c'était justement parce qu'il éprouvait une forte amitié pour elle qu'il se devait d'être un peu dur. Dans une telle situation, la sensiblerie se devait d'être exclue -pour un moment en tout cas- car sinon jamais il ne saurait trouver la force nécessaire pour la mettre au parfum.
"La mettre au parfum". Oui, c'était exactement cela en fin de compte. La mettre au parfum sur son avenir, sa nouvelle vie déchirée et maudite. Parce qu'elle n'avait pas le choix, pas de possibilité d'avoir un quelconque pouvoir de décision. La seule aide que pourrait lui fournir Spicy désormais c'était son soutien, son enseignement et une épaule sur laquelle pleurer.
Je n'ai jamais voulu qu'un jour une telle chose arrive. Ni même que tu puisses un jour avoir connaissance d'une telle chose. Le simple fait de vivre notre amitié en gardant en moi un si grand secret a été une épreuve de chaque instant, crois-moi. Mais si à un moment ou un autre pour quelque raison que ça soit, j'avais eu à te révéler mon si lourd secret, j'aurais donné tout l'or du monde pour éviter que cela se fasse pour ces raisons. Mais voilà, maintenant je n'ai pas le choix, je suis mis au pied du mur. Je suis tellement désolé, Julia. Je t'ai brisé le coeur, tout bousillé ; si je pouvais changer les choses je le ferais, quel quoi soit le prix à payer...
L'absence de réponses de Julia lui facilita la tâche. Elle ne détourna pas la tête et se borna à la garder dirigée vers le dossier du sofa. Il ne serait pas parvenu à lui dévoiler tout en ayant à affronter son regard de toute façon...
Je suis un loup-garou. Je crois que ta première réaction sera de me croire fou, mais il faut que tu ais connaissance de notre existence. Denhil Town est une ville réputée pour regorger de lycans. Si je ne t'ai jamais parlé d'une telle chose c'est bien entendu parce que je sais que tu ne m'aurais jamais cru. J'ai voulu nous protéger, de toute les manières d'ailleurs. Nous protéger aussi parce que les loups-garous sont des créatures incontrôlables, imprévisibles. Il est très dangeureux de s'approcher d'un lycans lorsque l'on est un humain. Dangeureux car les loups-garous sont des chasseurs, de redoutables chasseurs.
Il dû s'arrêter pour ravaler ses larmes, forcer sa voix à rester ferme et décidée. Il ne pouvait pas se permettre de la laisser succomber, il devait conserver une force que Julia ne serait pas en mesure d'avoir pour accepter la réalité.
C'est un loup-garou qui t'as attaqué ce soir Julia. Et je crois qu'une vie entière ne suffirait pas pour que je puisse me pardonner de t'avoir exposé à un tel danger. J'aurais dû renoncer à te faire aller dans les bois à la tombée de la nuit, j'aurais dû être plus conscient du danger. J'ai été idiot !... Mais il y a eu ce trou, cet imprévu, cette nuit qui tombait si vite, et ce danger qui s'était manifesté à une vitesse insensée lui aussi... On devient loup-garou par hérédité le plus souvent..., mais il arrive que la lycanthropie survienne par morsure aussi. J'ai vraiment tout tenté pour te sauver Julia...
Cette fois la simple force mentale ne suffisait plus et Spicy ne parvint pas à retenir des larmes de couler sur son visage, sa voix se brisa sans même qu'il puisse y faire quoi que ce soit. Machinalement, il enfonça son poing contre son front et mordit sa lèvre inférieure à l'en faire saigner.
Mais ça n'a pas suffit. Je n'ai pas réussi, je n'ai pas réussi à te sauver à temps... Il suffit d'une morsure... Une seule.
Bien évidemment, son explication était assez confuse et fort fut de constater qu'elle demeurait, aux yeux d'une humaine cartisienne, assez implicite. Mais la vérité était beaucoup plus dure à formuler comme cela, de but en blanc.
Julia... Le processus de régénération de tes cellules est éloquent et il m'a permis d'en venir à la conclusion que je craignais... Julia, tu... Tu vas devenir un loup-garou toi aussi...
La suite fut impossible à reconstituer, ni la réaction de son amie d'ailleurs, car les sentiments qui l'envahirent furent trop fort pour qu'il puisse les contôler, son regard sombra en même temps que son coeur explosait dans sa poitrine. Son visage s'inonda de larmes sans qu'il ne parvienne à les stopper.
Elle savait désormais.
Spicy K. McLane- Messages : 55
Race : Loup-garou civilisé
Date d'inscription : 05/01/2012
Age : 37
Localisation : Denhil Town
Re: Certaines cicatrices ne se referment jamais
Julia n'avait encore rien dit pour le moment. Elle écoutait, la tête dans le canapé qu'elle inondait chaque seconde un peu plus de ses larmes. Les paroles de Spicy entraient dans son esprit et lui donnaient l'impression qu'il contenait une enclume. Lorsqu'elle entendit ses larmes à lui, s'en fut trop, elle se détourna du dossier pour lui faire face.
Arrête de faire la victime s'il te plait ! Je crois que je suis plus en droit de me sentir mal que toi ... Comment ... Mais comment tu as pu me cacher un truc pareil ? Pour me protéger ? Mais c'est en voulant me protéger que tu m'as fais le plus de mal !
Je ne suis pas assez digne de confiance pour ça ? Putain mais merde ! Je croyais être ta meilleure amie, on était censés tout se dire ! Un truc aussi gros ! C'est pas possible ! Et tu vivais chaque moment avec moi comme si de rien n'était...
Julia lui en voulait terriblement. Elle se sentait trahie par son ami. Ce n'était pas tant le fait qu'ils soient allés se promener aussi tard dans les bois qu'elle lui reprochait, cela n'avait aucune importance à ses yeux, c'était le manque de sincérité, le fait qu'il ne se soit pas confié à elle qui lui serrait le cœur.
Depuis combien de temps tu ...
Elle n'eut pas besoin de finir sa phrase pour qu'il comprenne ce qu'elle lui demandait. Il répondit entre deux sanglots d'une voix tremblante, plus mal que jamais.
7 ans ! Putaiiin ! Depuis qu'on se connait ! ...
Julia se leva brusquement du sofa pour se diriger à pleine vitesse vers la porte d'entrée. La contrariété lui sortait par les yeux pour se déverser sur ses joues roses. Elle franchit le seuil d'entrée et un vent glacé lui frappa le visage. La porte calqua derrière elle ce qui la fit sursauter. Julia avait oublié qu'il faisait nuit à cette heure, les événements avaient complètement bouleversé sa notion du temps. Un coup d’œil à sa montre lui apprit qu'il était trois heures du matin.
Ce fut alors comme un déclic dans son esprit.
Elle se revit à 17 ans, au lycée, le jour où un nouvel élève arriva dans sa classe, un garçon au nom peu commun : Spicy. Il était triste, la solitude se lisait sur ses traits et son mal-être se sentait à des kilomètres. Julia avait tout de suite été curieuse de le connaitre. C'était elle, la première de sa classe à aller le voir, à aller l'accueillir dans cette nouvelle école, cette nouvelle ville, cette nouvelle vie en somme...
Ils avaient immédiatement accroché l'un à l'autre, ça avait été une évidence, comme une révélation. Ils se comprenaient, pouvaient se parler sans détour, étaient là quand ça n'allait pas pour l'autre...
Julia se sentit alors idiote. Comment l'aurait-elle pris s'il lui avait dit ? Leur amitié aurait-elle été la même si elle avait su ? Certainement que non! Elle se serait inconsciemment méfiée de lui, aurait analysé chacun de ses gestes pour y déceler la part de lycanthrope...
Au lieu de ça, il l'avait tenue à l'écart, l'avait protégée de lui et par delà, il avait rendue leur amitié parfaite, sans nulle ombre au tableau...
Julia rebroussa chemin, elle rentra à nouveau dans la maison de Spicy et le vit, exactement dans le même posture que lorsqu'elle était partie en furie : assis sur la table basse, les mains humides de recouvrir ses yeux inondés de larmes. Elle avança discrètement, s'agenouilla devant lui et le prit dans ses bras, ce à quoi il ne s'opposa nullement.
Excuse moi ... de ce que j'ai dis ... j'ai été nulle. Tu avais raison. Je crois que je n'aurais pas compris à l'époque ...
Il ne répondit pas, le souffle encore trop remué par les sanglots. Julia prit alors conscience de la chance qu'elle avait dans son malheur. Cette soirée aurait pu se terminer bien plus sombrement... Et si Spicy n'avait pas réussi à mettre en fuite l'autre loup ? S'il avait été tué par cette bête sauvage, que serait-elle devenue sans lui ? D'autant plus qu'elle n'était plus la même ...
A ces pensées, elle le prit la main et lui fit signe de s’asseoir sur le canapé où elle se réfugia à son tour, blottie contre son torse et entre ses bras. Il attira sur eux une couverture qui se trouvait pliée sur l'accoudoir et les recouvrit. Julia n'avait absolument pas froid, bien au contraire, elle se sentait bouillir de l'intérieur, mais le contact de la couverture, en plus des bras de son ami qui la recouvraient calma ses sanglots, ou peut être est-ce que le sommeil qui emporta ces gouttes qui perlaient son visage... En tout cas, elle était bien.
Sa nuit ne fut pas aussi agitée qu'elle le pensait. Au réveil, elle se rappelait étrangement qu'elle avait rêvé, mais elle ne se souvenait d'aucun détail. Julia était complètement allongée sur le canapé, sur toute la longueur qu'offrait ce lit improvisé. Un oreiller avait été passé sous sa tête et la couverture de la veille la cachait jusqu'aux épaules. Elle se redressa en position assise et tourna la tête vers la cuisine qui se trouvait derrière elle. Une odeur de pancakes s'en échappait. C'était donc ça qu'il l'avait réveillé. L'odeur de la nourriture.
Elle replia donc soigneusement la couverture, la posa sur le dossier du fauteuil et avança jusque dans l'encadrement de la porte. Spicy était bien là, en train de s'affairer pour elle, comme il le faisait toujours... Lorsqu'il se retourna pour poser une énième crêpe dont les Américains raffolent, et Julia tout particulièrement lorsqu'elles sont nappées de sirop d'érable, il sursauta. Il ne l'avait absolument pas entendue se lever. Julia n'avait pourtant jamais été discrète, mais là, les choses n'étaient plus pareil ...
Elle lui adressa un sourire, à la fois réservé et sincère, et vint lui dire bonjour.
C'est une très bonne idée ces pancakes ! J'ai une faim .... de loup ...
Julia prit conscience combien cette expression anodine prenait un sens tout différent désormais. Il éteignit le feu, ayant fini de faire cuire leur déjeuner et ils s'installèrent l'un en face de l'autre à la table de la cuisine. Il avait vraiment tout fait pour rendre ce petit déjeuner agréable. Ne sachant pas trop si c'était pour ne pas aborder le sujet ou non, elle ne put s'empêcher de lui poser une question.
Qu'est ce que ça change concrètement ?
Arrête de faire la victime s'il te plait ! Je crois que je suis plus en droit de me sentir mal que toi ... Comment ... Mais comment tu as pu me cacher un truc pareil ? Pour me protéger ? Mais c'est en voulant me protéger que tu m'as fais le plus de mal !
Je ne suis pas assez digne de confiance pour ça ? Putain mais merde ! Je croyais être ta meilleure amie, on était censés tout se dire ! Un truc aussi gros ! C'est pas possible ! Et tu vivais chaque moment avec moi comme si de rien n'était...
Julia lui en voulait terriblement. Elle se sentait trahie par son ami. Ce n'était pas tant le fait qu'ils soient allés se promener aussi tard dans les bois qu'elle lui reprochait, cela n'avait aucune importance à ses yeux, c'était le manque de sincérité, le fait qu'il ne se soit pas confié à elle qui lui serrait le cœur.
Depuis combien de temps tu ...
Elle n'eut pas besoin de finir sa phrase pour qu'il comprenne ce qu'elle lui demandait. Il répondit entre deux sanglots d'une voix tremblante, plus mal que jamais.
7 ans ! Putaiiin ! Depuis qu'on se connait ! ...
Julia se leva brusquement du sofa pour se diriger à pleine vitesse vers la porte d'entrée. La contrariété lui sortait par les yeux pour se déverser sur ses joues roses. Elle franchit le seuil d'entrée et un vent glacé lui frappa le visage. La porte calqua derrière elle ce qui la fit sursauter. Julia avait oublié qu'il faisait nuit à cette heure, les événements avaient complètement bouleversé sa notion du temps. Un coup d’œil à sa montre lui apprit qu'il était trois heures du matin.
Ce fut alors comme un déclic dans son esprit.
Elle se revit à 17 ans, au lycée, le jour où un nouvel élève arriva dans sa classe, un garçon au nom peu commun : Spicy. Il était triste, la solitude se lisait sur ses traits et son mal-être se sentait à des kilomètres. Julia avait tout de suite été curieuse de le connaitre. C'était elle, la première de sa classe à aller le voir, à aller l'accueillir dans cette nouvelle école, cette nouvelle ville, cette nouvelle vie en somme...
Ils avaient immédiatement accroché l'un à l'autre, ça avait été une évidence, comme une révélation. Ils se comprenaient, pouvaient se parler sans détour, étaient là quand ça n'allait pas pour l'autre...
Julia se sentit alors idiote. Comment l'aurait-elle pris s'il lui avait dit ? Leur amitié aurait-elle été la même si elle avait su ? Certainement que non! Elle se serait inconsciemment méfiée de lui, aurait analysé chacun de ses gestes pour y déceler la part de lycanthrope...
Au lieu de ça, il l'avait tenue à l'écart, l'avait protégée de lui et par delà, il avait rendue leur amitié parfaite, sans nulle ombre au tableau...
Julia rebroussa chemin, elle rentra à nouveau dans la maison de Spicy et le vit, exactement dans le même posture que lorsqu'elle était partie en furie : assis sur la table basse, les mains humides de recouvrir ses yeux inondés de larmes. Elle avança discrètement, s'agenouilla devant lui et le prit dans ses bras, ce à quoi il ne s'opposa nullement.
Excuse moi ... de ce que j'ai dis ... j'ai été nulle. Tu avais raison. Je crois que je n'aurais pas compris à l'époque ...
Il ne répondit pas, le souffle encore trop remué par les sanglots. Julia prit alors conscience de la chance qu'elle avait dans son malheur. Cette soirée aurait pu se terminer bien plus sombrement... Et si Spicy n'avait pas réussi à mettre en fuite l'autre loup ? S'il avait été tué par cette bête sauvage, que serait-elle devenue sans lui ? D'autant plus qu'elle n'était plus la même ...
A ces pensées, elle le prit la main et lui fit signe de s’asseoir sur le canapé où elle se réfugia à son tour, blottie contre son torse et entre ses bras. Il attira sur eux une couverture qui se trouvait pliée sur l'accoudoir et les recouvrit. Julia n'avait absolument pas froid, bien au contraire, elle se sentait bouillir de l'intérieur, mais le contact de la couverture, en plus des bras de son ami qui la recouvraient calma ses sanglots, ou peut être est-ce que le sommeil qui emporta ces gouttes qui perlaient son visage... En tout cas, elle était bien.
Sa nuit ne fut pas aussi agitée qu'elle le pensait. Au réveil, elle se rappelait étrangement qu'elle avait rêvé, mais elle ne se souvenait d'aucun détail. Julia était complètement allongée sur le canapé, sur toute la longueur qu'offrait ce lit improvisé. Un oreiller avait été passé sous sa tête et la couverture de la veille la cachait jusqu'aux épaules. Elle se redressa en position assise et tourna la tête vers la cuisine qui se trouvait derrière elle. Une odeur de pancakes s'en échappait. C'était donc ça qu'il l'avait réveillé. L'odeur de la nourriture.
Elle replia donc soigneusement la couverture, la posa sur le dossier du fauteuil et avança jusque dans l'encadrement de la porte. Spicy était bien là, en train de s'affairer pour elle, comme il le faisait toujours... Lorsqu'il se retourna pour poser une énième crêpe dont les Américains raffolent, et Julia tout particulièrement lorsqu'elles sont nappées de sirop d'érable, il sursauta. Il ne l'avait absolument pas entendue se lever. Julia n'avait pourtant jamais été discrète, mais là, les choses n'étaient plus pareil ...
Elle lui adressa un sourire, à la fois réservé et sincère, et vint lui dire bonjour.
C'est une très bonne idée ces pancakes ! J'ai une faim .... de loup ...
Julia prit conscience combien cette expression anodine prenait un sens tout différent désormais. Il éteignit le feu, ayant fini de faire cuire leur déjeuner et ils s'installèrent l'un en face de l'autre à la table de la cuisine. Il avait vraiment tout fait pour rendre ce petit déjeuner agréable. Ne sachant pas trop si c'était pour ne pas aborder le sujet ou non, elle ne put s'empêcher de lui poser une question.
Qu'est ce que ça change concrètement ?
Julia E. Passangers- Messages : 49
Race : Louveteau
Date d'inscription : 17/01/2012
Age : 35
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