The Silvery Wolfpack
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"Ce que je préfère dans les rivières, c'est que printemps, été, automne ou hiver, elles changent toujours d'humeur et de couleurs".

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"Ce que je préfère dans les rivières, c'est que printemps, été, automne ou hiver, elles changent toujours d'humeur et de couleurs". Empty "Ce que je préfère dans les rivières, c'est que printemps, été, automne ou hiver, elles changent toujours d'humeur et de couleurs".

Message  Julia E. Passangers Dim 22 Jan - 20:21

Julia avait fini de bonne heure aujourd'hui. Elle avait remplacé une de ses collègues la veille au soir, une vieille peau aigrie qui ne manquait jamais de critiquer le moindre de ses gestes lorsqu'elle se trouvait à ses côtés. Cette dernière avait pourtant, au plus grand étonnement de Julia, remercié la jeune femme de l'avoir remplacée en grande urgence, en lui permettant de partir plus tôt. Julia avait donc sauté dans sa petite voiture d'occasion, qui malgré son grand âge, ne rechinait jamais à conduire Julia où elle le désirait.

Julia avait évidemment pris le chemin du retour, elle ne souhaitait pas s'éterniser en ville après cette journée épuisante bien que courte, mais avait plutôt besoin de s'aérer l'esprit. L'idée avait alors jailli dans son esprit : appeler son "p'ti Pain d'épices" et lui proposer de se rejoindre près de la rivière.

Il y avait leur habitude. Un peu plus en contrebas du petit pont de bois emprunté par les promeneurs occasionnels, ils s'étaient aménagé une modeste cabane, faite de bric et de broc. Ils avaient eu de longues discussions abrités sous cet abri sommaire mais cela faisait quelques temps qu'ils n'y étaient pas allés faute de pouvoir accomoder leur emploi du temps respectifs.

Même s'il avait plu un peu dans la matinée, à six heures tapantes, un soleil de fin de journée illuminait les bois de Denhil Town.
Julia se gara à l'emplacement prévu à cet effet, en lisière de fôret et se plongea au coeur de la verdure après avoir pris la couverture en patchword qu'elle avait elle-même confectionnée. De nombreux t-shirts souvenirs et tissus en tout genre la composaient et rendaient à l'ensemble un assemblage de souvenirs multicolores dans lequel elle était heureuse de s'emmitouffler les soirs où l'air se faisait plus frais.

La forêt était encore humide par les ondées de la journée. Les branches, chargées par l'eau de pluie laissaient se déverser par instants quelques gouttes qui venaient s'échouer sur Julia, mais cela n'affectait nullement son humeur. Elle était contente à l'idée de partager quelques instants avec son ami, avec qui, il faut le dire, elle passait moins de temps depuis qu'elle travaillait en tant qu'aide-soignante dans une maison de retraite. C'est tout juste s'ils arrivaient à se voir deux fois par semaine, ce qui faisait bien leur peine. C'est donc en se remémorant tous les sujets qu'elle voulait aborder avec lui, qu'elle s'enfonça dans les bois afin de gagner leur fameuse cabane. Elle ne faisait nullement attention aux bruits alentours, écoutant tout juste distraitement les chants des oiseaux qui semblaient annoncer aux autres occupants dissimulés de la forêt, la fin proche de la journée.

C'est donc tout à fait innocemment que Julia n'entendit pas les pas qui la suivaient à quelque distance d'elle. Pourtant, ils étaient bien là, tassant les feuilles humides sur la terre ferme à chaque enjambée, qui se voulait de plus en plus grande, afin de rattraper Julia. La distance entre elle et Julia se réduisait peu à peu, mais toujours aussi distraite, Julia n'y prenait pas garde. Ce fut à peine si elle tiqua au craquement d'une branche qui se fit entendre. Sans avoir le temps de se retourner pour voir de quoi il s'agissait, une masse lui emprisonna les bras et la souleva du sol puis la reposa brusquement dans un éclat de rire. Un éclat de rire ? Oui, et celui-là, elle l'aurait reconnu entre tous.


T'es con ! Tu m'as fais peur espèce de voyou !

Mais trop heureuse de retrouver son meilleur ami, elle le serra dans ses bras et huma son odeur. Il lui avait manqué.
Julia E. Passangers
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Message  Spicy K. McLane Lun 23 Jan - 21:01

Spicy avait passé une journée atroce.
Quand il avait posé un pied hors de son lit au matin, il avait eu ce désagréable présentiment que la journée à venir ne s'annonçait pas excellente. Ce fut après un retard à son travail qui lui valut une violente altercation avec son patron, puis après une erreur de commande avec une fidèle cliente à qui il avait commandé des moules à la place de nouilles que ces doutes se confirmèrent.
Mais plus encore, il fut absolument sûr de la médiocrité de sa journée dans l'après-midi, alors qu'il rejoignait la meute. Sans explication claire à délivrer, il s'était débrouillé pour mettre en rogne Cyrielle, la fille du Chef de Meute. L'histoire aurait pu en rester là, mais la crise de nerf de Cyrielle l'avait entrainé à se facher avec son père ce qui avait semé une certaine zizanie au sein du clan. Il était reparti, sous les reproches de tous les autres loups, la queue entre les pattes -et cela bien qu'il se trouvait sous sa forme humaine à ce moment !
Il fallait qu'il évacue toute la tension accumulée au cours des dernières heures, et une telle tâche ne pouvait se faire qu'en compagnie de Julia, sa meilleure amie avec qui il partagait ses plus beaux moments depuis qu'il vivait à Denhil Town. Bien que cela puisse paraître étrange, il éprouvait plus de facilité à être lui-même lorsqu'il était avec elle que lorsqu'il était avec la meute.

* L'idéal serait que Julia soit louve !*

Bien entendu une telle idée lui faisait froid dans le dos. Même s'il disait cela en plaisantant, une image de boucherie s'imposa à lui et il se sentit presque immédiatement coupable d'avoir pensé à une idiotie pareille, même pour plaisanter ! Cela n'avait même rien d'amusant pour tout dire. Devenir louve... Un tel évènement viendrait tout briser : leur amitié, la vie de sa meilleure amie. Il ne pourrait supporter qu'un malheur de cette ampleur survienne dans sa vie. Le bonheur de Julia faisait le sien, son humanité lui rendait une part de la sienne... Impensable d'anéantir tout ça !
Spicy avait developpé une relation avec Julia très étonnante, elle était si fusionnelle qu'elle en était parfois déstabilisante car la seule absence de la jeune femme dans sa vie ou la perte de leur amitié, seraient des facteurs suffisament forts pour empêcher Spicy de continuer à vivre de manière pleine et entière. Ses humeurs affectaient les siennes, ses décisions avaient une influence également sur les siennes.
Pourtant, rien à voir avec de l'amour, il en étant certain ! Il avait déjà été amoureux et ces sentiments là étaient différents. Il l'aimait ardemment, de tout son coeur, d'un amour fraternel et voulait la protéger de tous les dangers, comme un meilleur ami le ferait.

Ce que Spicy aimait par dessus-tout avec Julia c'était la surprendre. Cela dit, il était difficile de surprendre la jeune femme. Pour un sursaut, un cri de surprise ou un tréssaillement il fallait se lever tôt. Pour ce genre de comportement, elle restait toujours d'une nature extrêmement sereine au grand malheur de Spicy qui était de nature plutôt farceuse en sa compagnie !
Aussi ne fut-il pas surpris de voir que son irruption soudaine dans son dos n'avait éveillé en elle aucune réaction excessive. Le jeune homme ressentit cependant une inévitable pointe de déception face à l'inefficacité de son intervention. Il n'avait fait aucun bruit, son approche avait été parfaitement imperceptible. En loup qu'il était, il avait géré son ascension vers son ami avec le même soin que lorsqu'il chassit une proie farouche.
Il enlaça son amie, réellement enchanté de pouvoir la serrer dans ses bras, comme s'il ne l'avait pas vu depuis des mois. Il n'empêcha pas quelques cheveux bruns de s'immiscer dans sa bouche, il s'en dégagea avec dégout ce qui les amusa tous les deux.


T'es con ! Tu m'as fais peur espèce de voyou !

Décidément, Julia avait le chic pour lui faire déclencher des crises de fous rires. Par de simples phrases, elle developpait un pouvoir de dérision aussi innatendu qu'inconscient.

Tu es au courant que le mot "voyou" est interdit par la loi pour les moins de 57 ans ? Mais attends voir... non non même la Mère Maski n'utilise plus ce mot depuis cinq ans, me semble-t-il...

Elle essaya de le frapper, faussement vexée, trahie par un large sourire.

J'ai passé une journée atroce, dit-il en introduction.

Il raconta ses mésanventures et écouta par la suite le déroulement de la journée de Julia qui se révéla, elle aussi, chargée en émotions.
Ils se prélassèrent un bon moment sur la couverture, profitant des derniers rayons de soleil avant qu'ils ne disparaissent derrière les arbres. Une fois enveloppés par le crépuscule, Spicy se leva. Bien qu'en temps normal ils se quittaient à la tombée de la nuit. Le jeune homme voulut passer plus de temps avec sa meilleure amie ce soir. Il lui proposa un détour vers le point d'eau, situé vers la partie Sud de la forêt, cela leur faisait un détour d'un petit kilomètre. Une rallonge appréciable pour prolonger cet instant à être ensemble.

Bien que conscient du danger qui habite les bois la nuit, Spicy estima la durée du trajet et fut presque certain qu'ils seraient de retour vers des endroits plus dégagés et fréquentés avant que la nuit totale ne s'installe.

La perspective d'une ballade dans les bois en aurait effrayée plus d'une (bien que l'heure était encore raisonnable pour devoir s'inquiuèter). Julia ne l'était guère ! En se levant d'un bond elle accepta la proposition de son ami.
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Message  Julia E. Passangers Mer 25 Jan - 19:00

Cela tombait bien que Spicy propose de rallonger leur entrevue, Julia n'avait guère envie d'écourter un de leur rendez-vous, surtout pour la perspective de rentrer chez elle, de saluer ses parents et de monter dans sa chambre, probablement pour regarder un ou deux épisodes d'une de ses séries favorites avant d'aller souper. Bien que la nuit commença à tomber, Julia et son ami ne ralentir pas leurs pas, ils avaient encore beaucoup trop de choses à se dire, et pas assez de chemin à faire à pied pour tout se raconter. S'obscurité qui s'avançait n'aidait pas non plus leur progression, tout du moins pour Julia, car Spicy, avec une facilité déconcertante, évitait soigneusement toute racine d'arbre au sol, alors que Julia, elle, même en les apercevant à l'avance, finissait par se prendre les pieds dedans au moment de l'éviter. Julia se demandait d'ailleurs s'ils empruntaient le même chemin ...

Une fois encore, sa cheville heurta un rondin de bois qui était depuis longtemps échoué au sol, vu l'épaisseur de mousse verte qui s'était installée dessus et qui la rendait aussi glissante après la pluie que du givre. Elle ne put éviter une chute et tomba sur ce qui semblait être un lit de feuilles détrempées, mais qui sous son poids, s'effrondèrent avec elle dans un trou creusé, dissimulé par ce subterfuge. Julia atterit environ deux mètres plus bas, sur l'épaule gauche, ce qui fut extrêmement douloureux. Un caillou tranchant sur le sol lui avait également entaillé le crâne, qui sitôt se mit à noircir, le sang assombrissant ses cheveux.

*Quels cons ces chasseurs !!!*

Elle n'eut pas le temps de se remettre sur pied, qu'elle aperçu déjà Spicy, en hauteur, à l'entrée du trou, qui avait sans doute remarqué sa chute parce qu'elle avait laissé sa phrase en suspension. Il interrogea l'état de son amie. Malgré l'obscurité grandissante, elle vit qu'il était complètement effrayé, ses yeux étaient emplis de terreur, bien plus exagéremment que ce qu'une telle situation pouvait supposer. Visiblemment quelque chose d'autre l'alertait ou l'attirait....
Julia se remit donc debout, avec difficulté, elle se cramponna aux paroies pour s'aider. Une fois sur pied, elle manqua de retomber au sol, un vertige la prenait, surement dû au coup qu'elle avait reçu sur la tête. Elle passa sa main dans ses cheveux pour juger de l'état des dégats, et ses sourcils se froncèrent, pliés par la douleur. Lorsqu'elle retira sa main, elle était toute teintée de pourpre. Visiblemment, cela saignait abondamment.
Elle leva donc la tête doucement vers Spicy, pour ne pas risquer de se donner un nouveau vertige et lui demanda d'une voix faible :


Tu peux m'attraper la main pour me sortir de là ou on est trop éloignés ?!?

Ils tendirent donc la main l'un vers l'autre pour en juger, mais sans grande conviction, évidemment qu'ils ne pouvaient pas s'atteindre ! Les chasseurs ne creusent pas des trous pour qu'il soit aisé d'en sortir...
Resignée, Julia s'assit sur le sol. Son mal de crâne grandissant y était aussi pour quelque chose. Elle se prit la tête entre les mains, comme pour stopper la douleur, et ce n'est qu'après que quelques larmes vinrent s'échouer sur ses joues qu'elle lui demanda d'aller chercher au plus vite du secours pour la sortir de là. Julia prit conscience qu'à la fin de sa phrase, un hurlement de loup se faisait entendre un plus au loin, qui n'était, et ça elle ne le savait pas, malheureusement pour elle, le premier que Spicy entendait ...
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Message  Spicy K. McLane Mar 31 Jan - 0:00

Spicy n'avait jamais vraiment compris pourquoi son amie le surnommait "Pain d'Epices", il en avait toujours été extrêmement frustré. Il était cependant hors de question de demander une explication à Julia cela dit, il ne souhaitait pas lui offrir sur un plateau d'argent une occasion pour qu'elle se paye sa tête.

La rivière restait proche d'eux, on pouvait encore aisément entendre le clapotis de l'eau malgré la multiplication d'arbres à mesure qu'ils s'enfonçaient dans la forêt.
Spy' était des plus alertes. Sans pouvoir l'expliquer lui même, ses sens de loup-garou avaient la particularité de s'accroître la nuit. Au seuil du crépuscule, il ressentait déjà les premières accuentuations de son ouïe et de sa vue. Son agilité à se mouvoir changea elle aussi, il se déplaçait avec de plus en plus d'aisance et de fluidité, évitant branchages et sol inégal, rendu dangereux par une multiplication de roches apparentes et de racines. Un constrate entre la marche de Spicy et celle de Julia pouvait clairement s'observer, cela en devint même gênant pour le jeune homme qui s'efforça de buter maladroitement sur des cailloux lui aussi. Il ne fallait pas paraître louche aux yeux de sa meilleure amie. Même si sa maladresse extrême commençait à friser le ridicule : il y avait de quoi se retenir de rire.
Bien qu'il pensait avoir tout vu, la jeune femme alla encore plus loin en tombant dans un trou, méfait évident d'un chasseur. Tout cela aurait pu être très comique, mais malheureusement la situation tourna mal. En plus d'être tombée dans un trou profond, Julia s'était blessée à la tête. Rien d'alarmant dans l'immédiat pour sa santé mais le sang qui s'écoulait excita instinctivement les sens de Spicy. Il se surprit en train de grogner.
Que devait-il faire désormais ? Leurs mains ne se rejoingnaient même pas. Le trou était vraiment d'une profondeur anodine, un tel travail forçait presque l'admiration.

Ce dont le jeune homme était certain c'était qu'il ne pouvait se résoudre à la laisser seule pour chercher de l'aide. D'autant que la situation se gâtait. Même s'il avait abordé avec un certaine désinvolture le premier cri qui avait résonné dans les bois quelques instants auparavant, le second hurlement de loup-garou qui déchira le silence de la forêt fit hérisser les cheveux de Spicy sur son crâne. La chose approchait, Spy pouvait sentir les pattes du canidé fouler la Terre avec légèreté et rapidité. Le jeune homme n'était pas le seul à avoir flairé le sang. Chez certains loups-garous, l'odorat était le sens le plus décuplé, il était si developpé qu'il dépassait l'entendement, difficile donc de déterminer si la bête se trouvait à quatre-cent mètres ou à un kilomètre d'eux.
C'était dans ces instants qu'il était fou de voir à quelle vitesse la nuit pouvait tomber. L'obscurité commençait à ronger chaque recoins des bois...

Plus question de réfléchir une seconde de plus. Après tout Julia était dans un état de choc elle pourrait prendre les évènements à suivre pour de la confusion dûe à un quelconque traumatisme crânien.
Spicy sauta dans le piège à la vitesse de l'éclair en atterissant sur ses deux pieds bien campés dans le sol. Il souleva Julia et la jeta sur son épaule comme un vulgaire sac à patates et bondit de droite à gauche sur les parois du trou en se rapprochant chaque fois un peu plus de la surface. Sa condition animal lui permettait des folies impensable si l'on était uniquement humain.
Une fois extirpés du piège, les deux amis s'accordèrent un instant de répit durant lequel ils reprirent leurs esprits. Un instant qui se résuma en vérité à quelques secondes, car l'autre danger qui se profilait n'avait pas faibli, bien au contraire.
Spicy se redressa avec vivacité et balaya les alentours d'un oeil expert, sondant chaque brindille d'herbe, chaque tronc, souche et feuillage au rayon X. Rien.
Pourtant il en était sûr, le loup-garou sauvage qui les avait pris en chasse était à leurs côtés, tapi dans l'obscurité. Si Spicy ne le voyait pas c'était simplement parce qu'il devait être très doué pour la chasse...
Le jeune homme remarqua d'un coup d'oeil que Julia était restée sonnée par son sauvetage miracle. Elle balbutia quelques mots inintelligibles, cherchant probablement des explications de la part de son meilleur ami.


Julia je t'en pris, ferme-la, finit-il par lui dire, rejettant tout effort d'amabilité tant il était angoissé. Des loups !

La seule évocation de ce mot suffit à la faire taire, ses pupilles se dilatèrent et elle afficha immédiatemment un air horrifié. Qu'allait-il se passer désormais ? Si le loup attaquait, Spicy n'aurait pas d'autre choix que de se transformer à son tour pour espérer rivaliser. Mais comment opérer sans s'offrir au regard de Julia ? Vu qu'il ne le faisait en temps normal qu'au clair de Lune, il savait déjà d'expérience que sa mutation serait douloureuse et plus lente qu'en soir de Pleine Lune. Il allait devoir provoquer sa transformation, pas la subir de manière inévitable.
Subir une mutation obligée était extrêmement douloureux mais également nettement plus rapide avec le temps et l'habitude, se décider soi-même de muter quand on en avait pas l'habitude exigeait de s'infliger soi-même les maltraitances corporelles néccessaires au passage d'humain à loup.

Tout se passa à une vitesse folle. Une vitesse qu'il aurait pu maitriser s'il avait été sous sa forme animale mais qui défila si vite devant son regard humain qu'il ne put rien y faire. La bête avait bondit droit sur Julia, juste dans le dos de Spicy qui regardait dans la direction totalement opposée. Un hurlement de son amie déchira le ciel. Les crocs du loup-garou se plantèrent dans son épaule et elle fut à demi-soulevée du sol par la puissance de la mâchoire de la bête.
Il était hors de question pour Spicy de soumettre le regard de Julia à sa mutation écoeurante. Il plongea alors dans un fourré et entama sa tranformation. Tandis qu'il sentait craquer et se disloquer l'intégral de ses membres, les cris agonisants de sa meilleure amie résonnaient dans ses tempes. Les quelques secondes qui lui fallu pour compléter sa transformation lui semblèrent être des heures et c'est fou de rage qui fondit sur le loup-garou. Il assigna au monstre une ruée de coup de crocs et de griffes comme un dément, ignorant l'odeur délectable du sang émanant de Julia. Un tel délice accentua au contraire sa fureur -comme honteux de ressentir une envie de se repêtre de sa propre amie- et il redoubla de violence à l'encontre du loup-garou qui, trop surprit pour se défendre, ne put agir à son aise pour se défendre.
Mais tout espoir était perdu. Le Mal avait été largement fait, tout le sang déversé en attestant.
Fini. C'était fini...


[Nul besoin que je poste avec Marley pour le moment Alexopêche, je te laisse la place !]
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Message  Julia E. Passangers Mar 31 Jan - 22:45

Un drame trouve son tragique dans le fait qu'il précède une période de bonheur...


Simple théorisation qui semble tellement dépassée et complètement inhadaptée à la vie actuelle, en plein XXIe siècle. Pourtant, Julia n'en vécu pas moins un...
En quelques minutes, les événements s'enchainèrent à une vitesse folle, comme si sa vie avait été visionnée en vitesse accélérée. D'abord, le fait de tomber dans une cavité creusée par la main de l'homme. Combien de chance sur cent personnes qui parcourent la forêt de tomber dedans ? Visiblement, une. Une prénommée Julia. Fort heureusement, la chute avait été sans grande conséquence, une fois ses plaies désinfectées, sa fracture à l'épaule gauche immobilisée, Julia pouvait largement être sur pied d'ici une quizaine de jours.

Seulement, il n'y eut pas que cela, quelque chose de bien plus inconcevable avait succédé avec une frénésie folle que Julia ne put en prendre la pleine mesure sur l'instant.
Spicy, avait sans la moindre hésitation sauté jusqu'à elle afin de l'extirper de ce trou, mais l'urgence ou plutôt l'inquiétude se sentait à pleines narines. Il la chargea prestemment sur ses épaules et remonta ni une ni deux au niveau de la terre ferme. Etait-ce parce ce qu'elle avait reçu un coup sur la tête qu'elle avait l'impression de comprendre les choses au ralenti, alors que tout s'accélèrait ?

Il était humainement impossible de sauter dans un trou d'une profondeur de deux mètres et d'en ressortir sans aucune difficulté, chargé de plus, d'un corps de femme qui ne faisait absolument rien pour se rendre plus léger. Ainsi en contact avec son ami, elle percevait les pulsations de son coeur rien qu'en ayant la main sur son épaule, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'était pas serein. Cela se confirmait aussi par les regards soutenus qu'il dirigeait vers les plus sombres recoins de la forêt. Julia voulut l'interroger mais se fit sévèremment envoyer paître. Elle aperçut alors le visage de son ami, son Pain d'Epice, qui n'avait absolument rien à voir avec l'homme qu'elle cotoyait ordinnairement. Son visage était sombre, grave, complètement fermé, comme une huître, à l'affut du moindre bruit suspect. Ses sourcils froncés le vieillissaient, il semblait avoir gagné dix ans en un instant. Sa machoire se contractait et Julia crut entendre un feulement intérieur qui résonna dans la cage thoraxique de Spicy.

Julia prit alors conscience qu'il devait se passer quelque chose de bien inhabituel pour que son meilleur ami en arrive là. Elle voulut se mettre à inspecter à son tour les parages, en vain. Elle n'y voyait absolument rien, c'est tout juste si elle aurait pu se rendre compte de la présence d'un homme à quelques mètres d'elle tant la nuit était d'une noirceur densité.

Ce n'est alors qu'au dernier moment, qu'elle vit se jeter sur elle une masse imposante qu'elle n'identifia pas tout de suite comme étant un loup. Il faut dire que Julia n'eut pas le loisir de détailler son assayant, presqu'immédiatement qu'il avait surgit des fourrés, il avait bondi sur elle et avait planté ses crocs dans son épaule, déja fracturée. Julia entendit elle-même son propre cri, perçant, fendant le silence de la nuit qui régnait auparavant. Cela ne lui masqua pourtant pas le bruit que produisit le broiement de sa clavicule.
Le loup la fit valser d'un simple lancer de machoire et elle atterit, quelques mètres plus loin, contre un arbre. Elle roula sur le sol dans sa chute et se retrouva à plat ventre. Elle n'essaya même pas de se relever, son corps ne l'aurait pas pu de toute manière.

Naïvement, elle pensait aussi pouvoir retenir suffisamment la bête pour que Spicy s'enfuît et se mette à l'abri, loin de ce danger carnassier. La tête allongée dans le sol jonché de feuilles, elle l'apercevait de loin, malgré l'obscurité. Il l'observait plus terrassé que jamais et ce que Julia désirait au plus profond d'elle-même se produisit. Comme s'il avait lu dans ses pensées, il s'enfuit à toutes jambes dans les bois. Plus elle voyait son dos s'éloigner, plus elle se sentait soulagée. Heureuse de voir que le loup n'adressa pas un regard à sa fuite, il s'avançait les babines baveuses en avant, prêt à se concentrer sur elle.
On dit que l'on pense aux plus belles choses que l'on a vécut dans sa vie au moment mourir. Julia, elle, pensa à ce qu'elle allait laisser derrière elle. Son ami Spicy surtout. Comment allait-il vivre avec le souvenir de cette scène où il a vu sombrer sa plus forte amitié ?
Il allait être boulversé de se rendre compte que les dernières paroles qu'il lui avait adressées était un "ferme-la" furibond. ça Julia en était persuadée, et pourtant, tout ce qu'elle souhaitait était qu'il vive. Qu'il vive pleinement et sans remords de l'avoir laissée là, puisque c'est ce qu'elle voulait. Mais rien ne lui permettait de lui dire cela avant de trépasser. Par sa maladresse, Julia avait non seulement provoqué sa mort, mais surtout gaché la vie de son meilleur ami...

Plongée dans ses regrets, elle ne vit presque pas le loup s'approcher d'elle. Par un simple coup de museau, il l'a fit basculer sur le côté, et telle une loque, son corps ne lui adressa aucune résistance. Il plongea alors ses crocs dans la hanche de Julia et lui arracha un quartier de chair. Son corps déja endoloris n'avait alors encore rien ressentit de ce qu'était réellement la douleur. Elle eut l'impression qu'une décharge électrique parcourait son corps jusqu'à se concentrer dans son cerveau, lui administrant plus d'une centaine de piques nerveuses. Son coeur semblait derechef accompagner ce mouvement frénétique, il trépignait près à en faire éclater la poitrine de Julia. Elle ne put évidemment pas retenir un cri de déchirement, tant vain qu'il soit face à une bête sans pitié.
Ne pouvait-il pas le lui arracher pour quelle cesse de souffrir ? Une fois morte, elle n'en aurait que faire de se faire littéralement engloutir par ce loup. Mais un prédateur ne tue que par plaisir, il joue avec la nourriture avant de se rassasier de son repas.

Julia sentait pourtant ses forces l'abandonner, son pouls ralentissait, sa tête s'embrumait peu à peu. Progressivement, une brume s'abbatit sur ses yeux, ses paupières ne tenaient plus ouvertes. Avant de les fermer complètement, elle vit que le loup qui la dévorait n'était plus le seul, un autre approchait à pleine vitesse, fonçant droit vers elle. Il avait un pelage gris métalisé, une couleur, qui n'était pas sans lui rappeler celle des yeux de son ami, qu'elle n'aurait plus l'occasion de croiser. Prise par une forme de léthargie, elle ferma complètement les yeux, espérant atteindre un monde où la torture qu'elle vivait ne se ferait pas sentir, où détachée de son corps, elle ne percevrait plus rien, ni son, ni odeur, ni sensation ...

Son âme ne quitta pas encore la terre ferme cependant, elle était tombée dans un coma profond, son corps avait dit stop à cette souffrance, incapable d'en supporter davantage. Si elle avait été éveillée, elle aurait pu constater que le second loup ne bondissait pas vers elle pour partager un repas avec l'autre, mais bien pour prendre la défense de ses pauvres restes de chair humaine. Ne ralentissant pas sa course, il avait percuté de plein fouet le loup brun-caramel, qui atterit plusieurs mètres plus loin. La force déployée avait été impressionante, et pourtant, loin d'en être affaibli, il se jeta sans perdre une seconde sur le prédateur de Julia, avant de lui jeter coup d'oeil furtif. La rage semblait posséder ce loup, assaillit par la douleur non pas physique, mais psychologique, il semblait bien déterminé à lui faire subir le même sort qu'à cette jeune fille étendue, qui n'avait même pas vingt-trois ans...

Si le lieu où ils se trouvaient n'était pas aussi éloigné du centre ville, pour sûr que tous les habitants de Denhil' auraient entendus les gémissements plaintifs et les grognements des deux loups qui s'échappaient du rude combat qui les opposait l'un à l'autre...
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Message  Spicy K. McLane Dim 5 Fév - 0:24

"Il faut retenir son coeur, car si on le laissait aller, combien vite, alors, on perdrait la tête !"

Pour Spicy plus d'emprise sur son coeur, il avait tout bonnement lâché. Brisé, charcuté. Il ne restait plus que de son organe vital un petit monceau de fragments éclatés, meurtris et inertes. Tout n'était donc plus que folie en lui, car pourquoi se donnerait-il la peine d'être raisonnable, réfléchi ou même tout simplement freiné dans son acte par un peu d'humanité ? Pour le moment sa seule préoccupation était de réduire en miettes ce Loup-garous assassin qui avait détruit la vie de Julia. Spicy n'était plus qu'une bête sanguinaire à cet instant.
Son acharnement finit par payer. Après avoir essuyé de rudes coups de griffes et de morsures, le Loup-garou tueur battit en retraite, dépassé par la fureur de son adversaire. D'un pas mal assuré, claudiquant, mais tout de même rapide, il s'éclipsa dans un grognement mauvais. Pour faire bonne mesure, Spicy lui courut après pendant une dizaine de mètres afin de s'assurer qu'il ne reviendrait pas et également pour qu'il reprenne lui-même un peu ses esprits.

Recouvrir son apparence humaine quand on était un Loup-garou n'avait rien d'agréable. La souffrance était même parfois pire que lors du processus inverse. Mais un démembrement violent et une restructuration des os n'était en rien douleureux comparé à la douleur qui fendait la poitrine de Spicy. Chaque cri d'agonie poussé par son amie était comme un coup de poignard dans le ventre.
Affaibli par son combat révolté, par sa transformation rapide, et terrassé par la rage, la haine, le désespoir, il rejoignit Julia en titubant, le corps secoué par des sanglots refoulés mêlés à sa respiration saccadée et incertaine. Il tendit ses bras tremblants vers le visage de sa meilleure amie, pâle, fragile, si blanc et fin, tâché par des effusions de sang. Il tomba sur les genoux comme une masse. Il avait les yeux embués par les larmes, sa vision était voilée, il ravala ses pleurs, chassa le brouillard de son regard.
Le corps de la jeune femme n'était plus qu'un ramassi de chairs pendantes, dégouillinantes. Spicy s'en lécha atrocement les lèvres du bout de sa langue tremblante de fébrilité. Son instinct animal lui commanda de se jetter sur ce corps délicieux, totalement offert à la dégustation. Il hurla à la mort à s'en rendre muet.
Il se détestait, détestait ce qu'il était, les Loups, son existence, le fait que la vie de son amie soit réduite à néant par sa simple faute, par la faute de sa monstruosité. Il éclata en sanglots, sans parvenir à garder ses larmes tandis qu'il plongeait sa tête contre le buste de Julia. Plus fort que l'envie de sang, son affliction venait réfreiner ses pulsions bestiales.


Elle n'allait pas mourir. Mais fallait-il mieux qu'elle vive une telle vie ? Une vie de monstre, de bête tueuse. Tout cela était sa faute. Par sa simple négligence, Spicy avait mis fin à sa vie, à ses rêves. La famille de la jeune femme était morte, ses collègues et amis rayés de sa vie. Tout ne serait plus que Sang et Obscurité pour elle. Jamais elle ne connaitrait à nouveau les joies d'une innocente ballade sous les rayons de la Pleine Lune. Plus question de s'attacher à des gens sans risquer de les tuer, rien qu'en étant à leurs côtés, en courant le danger de se retrouver à proximité de sang humain. Elle ne serait plus maître d'elle-même, soumise aux instablités de sa condition...
Elle ne serait plus que souffrance et tristesse. Obligée de vivre dans le secret et la peur, la violence et le remord.


Pardonne-moi, pardonne-moi... Je-Je suis désolé Julia. Pardonne-moi..

Sa voix n'était plus qu'un déchirement, une complainte rendue incompréhnsible par l'intensité de son chagrin. Un gémissement pitoyable inondé par de lourdes larmes. La jeune femme murmurait dans un semi état de conscience. Spicy crut déceler des paroles de réconfort, ce qui eu pour effet d'aggraver sa culpabilité.

Pardonne-moi... Je-Je ne voulais pas. Je t'aime. Je t'aime tellement... tellement. Je suis désolé. Désolé...

Le moment arriva. Suivant inconsciemment le roulement d'une larme, Spicy vit le plaie béante située sur l'épaule de son amie se refermer lentement. Les chairs se resoudaient. Une nouvelle peau, d'abord très rose et luisante, se formait et venait essuyer toute trace de blessure sur son corps mutilé.
Le jeune homme se redressa, observa le proccessus de guérison instantané faire son effet. C'était certain, sa vie de louve débutait. Ses excuses se multiplièrent tout comme ses pleurs qui redoublèrent eux aussi alors qu'il la tenait fermement dans ses bras. Le regard de la jeune femme se posa sur le sien, il reprenait vie peu à peu. Ses yeux éteints regagnaient de leur chaleur ; une larme s'échappa de l'un d'eux.


...Tellement désolé...
Spicy K. McLane
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Message  Julia E. Passangers Mer 8 Fév - 20:50

Il n'y a que quelques rares situations où l'on passe de l'état de rien du tout à quelque chose : une par laquelle tous le monde passe inévitablement : la naissance ; mais aussi la sortie d'un coma, que bien peu de personnes vivent dans leur vie, heureux soient-ils. La seule différence entre ces deux événements est qu'après un coma, on ne part pas de zéro, des bribes de souvenirs nous reviennent progressivement en mémoire, des récents et des anciens, plus ou moins distinctement selon l'intensité émotionnelle qu'ils avaient provoqués en nous.

Julia avait bien conscience que le temps s'était écoulé sans elle, qu'elle avait été momentanément déconnectée de la réalité. Pendant combien de temps, elle n'en savait strictement rien, elle était incapable d'en donner une estimation. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle ne vit d'abord rien, tout était noir, aucune forme alentour ne recevait une source de lumière de manière à ce qu'elle paraisse visible à son regard. Elle ne percevait également aucun son, tout n'était que silence, pas même une sonorité lointaine portée par le vent. La seule sensation qu'elle ressentait était intérieure. Une grande chaleur se répandait en elle, son cœur battait fortement pour propulser son sang jusqu'aux veines les plus éloignées. Elle avait l'impression qu'un voile recouvrait ses membres et les empêchait de bouger, ses muscles étaient comme contractés, exactement comme lorsqu'on a une crampe qui nous paralyse.

Puis tout d'un coup, tout lui sauta au visage : le vent vint heurter sa peau, la faisant frémir à son passage, une visage était au dessus du sien et ce qu'il disait vint lui percuter les oreilles :


...Tellement désolé...

Comme si une étiquette était collée sur son visage, elle l'identifia immédiatement, ce visage était loin de lui être inconnu, elle connaissait parfaitement cet homme : c'était son meilleur ami. Mais ce qui préoccupait surtout Julia était ce que percevait son odorat. Une odeur particulière embaumait l'air, quelque chose qu'elle connaissait mais qu'elle n'avait jamais sentit comme cela. Du sang.
Travailler en tant qu'aide soignante dans une maison de retraite l'avait amené à panser une plaie, nettoyer des taches de ce genre lorsqu'une personne se blessait, etc. Dans ces cas, Julia n'allait pas jusqu'à être écœurée, tout au plus elle ressentait une légère gène, mais là, c'était bien différent. Les émanations du sang l'attiraient, son cerveau semblait lui indiquer qu'elle devait en trouver la source pour s'en délecter.

Elle regarda alors son corps. Julia était à proprement parler en morceaux. Sa chair pendait ici où là, dépourvue de peau protectrice. Mais ce qui fut le comble de sa vision d'horreur était que sa forme corporelle se reconstituait, cellule après cellule, son enveloppe se reformait.
Elle leva alors la tête vers son ami. Le regard de la jeune femme trahissait sa terreur. Son teint prenait la couleur de l'ivoire tant elle était pâle. Des larmes coulèrent sur son visage sans qu'elle s'en rende réellement compte. Un flot d'horreur lui revenait à la mémoire. Des loups. Elle avait été attaquée. Il était parti comme elle le voulait, et elle s'était faite dévorer...

Elle se serait crue morte, si elle ne percevait pas avec autant de précision ce qui l'entourait et ce qui se passait en elle. La détresse l'envahissait. Son incompréhension était totale. La vision d'horreur qu'elle avait eu d'elle même la dégoutait. Elle vint porter sa main sur sa bouche et vit qu'elle était parcourue par des convulsions qui faisaient trembler son corps tout entier. Elle regarda une nouvelle fois Spicy, qui ne disait plus rien. Elle ne chercha même pas à l'interroger sur ce qui s'était passé. Elle ne le pouvait pas, cela aurait rendu les choses plus réelles qu'elles ne l'étaient déjà, quoique "réel" ne soit pas vraiment adapté quand ce genre d'événement bouleverse votre vie...

Plus les secondes passaient, moins ce qui trottait dans l'esprit de Julia n'avait de sens, la panique l'envahit littéralement, une boule au ventre vint la submerger. Elle souhaitait que rien ne se soit passé, que les deux amis reprennent leur ballade comme avant. Rien qu'à voir le regard que posait son ami sur elle, elle savait que rien ne serait plus pareil. Elle ne put retenir la nausée qui vint à elle, son estomac se contracta violemment et des vomissements accompagnèrent ses larmes.

Loin d'en être dégouté, Spicy restait près d'elle et lui maintenait les cheveux en arrière de la tête. Julia, honteuse de lui imposer cela ne le regardait plus. Une fois débarrassée de ce qui obstruait son estomac, elle murmura faiblement :


Je veux rentrer. Ramène moi...je ne me sens pas bien...

Spicy enleva alors son pull et le passa autour des épaules de Julia avant de la prendre dans ses bras, une main sur les épaules, dorénavant en un seul morceau, et l'autre sous les jambes.
Ce fut une sécurité de se savoir entre ses bras musclés, elle pouvait avoir pleine confiance en lui, ce qui fit qu'elle s'y abandonna pleinement, sans plus rien penser.


Je veux oublier...

Elle se l'était dit uniquement pour elle, mais Spicy frémit en l'entendant. Comme si cela était possible ...
A sa grande surprise, il ne marchait pas lentement pour ne pas la brusquer comme elle le pensait, il courrait, nullement handicapé par son poids. En un rien de temps, ils étaient revenus sur le parking où elle avait garé sa voiture en arrivant, alors qu'il faisait encore jour à ce moment là. Il l'installa sur la banquette à côté de lui, vu l'état dans lequel elle était, ce n'était pas étonnant qu'il veuille garder un œil sur elle ; et s'installa au volant. La radio du véhicule se mit immédiatement en route lorsqu'il mit le contact et un air de Shakira, She Wolf, résonna dans l'habitacle. Spicy coupa la musique dès les premières notes...
Julia, elle, pleurait toujours, ses larmes étaient intarissables. Elle tourna la tête vers son ami. Son visage était froid, fermé. Elle remarqua pendant toute la durée du voyage qu'il évitait soigneusement de la regarder. Lui en voulait-il ? Etait-il aussi dégouté d'elle qu'elle-même ? Julia se posa la question, ce qui ne fit qu'accentuer son mal-être. Un regard vers l'extérieur lui fit alors prendre conscience qu'ils étaient déjà en ville. Elle fut surprise de constater qu'ils ne se dirigeaient pas du tout en direction de sa maison. Visiblement, ils allaient chez lui, ce qui la contraria. Elle voulait retrouver sa chambre, son intimité pour se laisser pleinement aller à sa détresse.


C'est chez moi que je veux aller ...

Spicy ne bougea pas d'un trait, comme s'il ne l'avait pas entendu. Il était fermement décidé et Julia vit bien qu'elle ne pourrait le contredire, elle n'en avait pas la force. Pas ce soir. Il se gara en trombe, faisant crisser les pneus, et c'est à peine si Julia le vit bouger, qu'il était déjà en train de la reprendre dans ses bras. Il monta les marches du palier et ouvrit la porte sans la poser à terre.

Cela faisait bien longtemps qu'elle n'était pas entrée dans la tanière de ce loup solitaire ...
Julia E. Passangers
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